Place Saint-Pierre : Commerce, foi et culture lors du Conclave

Place Saint-Pierre : Commerce, foi et culture lors du Conclave, InfoMistico.com

La Place Saint-Pierre, cœur du Vatican et du catholicisme, ne se limite pas à un rôle spirituel. Elle s’est également transformée en un marché où souvenirs, images pieuses et objets de mémoire remplissaient l’espace. Pendant l’élection du Pape et dans l’atmosphère unique entourant le conclave, cet endroit emblématique est devenu un point d’intérêt autant pour les croyants que pour les curieux et les touristes.

Un marché sous le ciel du Vatican

Dans le contexte du conclave et des jours de pluie qui ont marqué cette période, les visiteurs de la place trouvaient bien plus que la spiritualité. Entre les pavés humides et les regards anxieux tournés vers la cheminée annonçant l’élection papale, des marchands ambulants proposaient des objets allant des chapelets aux bustes des pontifes. Les prix variaient en fonction de la qualité et de la popularité des produits. Par exemple, un simple aimant coûtait trois euros, tandis que des bustes plus élaborés pouvaient atteindre 25 euros, bien que les négociations fussent courantes.

Angelo, un vendeur expérimenté, confiait que « les jours de conclave ne sont pas les meilleurs pour les affaires. » Malgré les réductions de prix et les efforts pour attirer les clients, la majorité des visiteurs semblaient plus intéressés par les écrans géants que par l’achat de souvenirs. Fait intéressant, Jean-Paul II restait la figure la plus demandée, surpassant largement Benoît XVI en termes de ventes, reflet de son héritage de trois décennies en tant que Pape.

La stratégie des commerçants : entre popularité et pragmatisme

L’expérience des commerçants chevronnés, comme Gianni, présent sur la place depuis 38 ans, offrait une vision claire de ce que recherchaient les visiteurs. Les vendeurs les plus avisés misaient sur des produits capables de plaire au plus grand nombre. Un exemple astucieux était la création de chapelets combinant les images de Jean-Paul II et Benoît XVI, chacun figurant sur une face de la médaille. Cette solution représentait un compromis susceptible de satisfaire tout le monde.

Cependant, le commerce n’était pas chose aisée. Gianni, utilisant sa mallette en bois comme étal improvisé, exprimait sa frustration face à la concurrence des journalistes et au manque apparent d’intérêt des pèlerins. « Il y a plus de journalistes que de clients. Ce doit être la crise », disait-il en tentant d’attirer l’attention des passants.

Au-delà des souvenirs : la philatélie en action

Tout ne tournait pas autour des souvenirs religieux sur la Place Saint-Pierre. Au centre de la place, un camion blanc de la Poste Vaticane attirait l’attention d’un tout autre public. Les collectionneurs de timbres formaient de longues files pour acquérir les éditions spéciales de la Sede Vacante.

Antonio Prato, un Romain passionné de philatélie, expliquait : « C’est une opportunité unique. Quand le nouveau Pape sera élu, son portrait figurera sur les timbres. C’est un souvenir irrépétible de ce moment. » Pour beaucoup, ces timbres ne représentaient pas seulement un objet de collection, mais un fragment d’histoire tangible.

Le refuge des visiteurs : entre la colonnade et les parapluies

Lorsque la pluie redoublait, les visiteurs trouvaient refuge sous la colonnade monumentale conçue par Gian Lorenzo Bernini au XVIe siècle. Ce design architectural emblématique, simulant des bras ouverts sur le monde, offrait un répit à ceux qui arpentaient la place. Cependant, la pluie offrait également des opportunités à un autre groupe de commerçants : les vendeurs de parapluies, majoritairement originaires du Bangladesh.

Le prix de ces parapluies variait entre 5 et 10 euros selon leur taille, mais, comme pour les souvenirs, tout était négociable. Ernesto et Dévora, deux touristes salvadoriens, confiaient que « tout semblait un peu cher » et estimaient leurs dépenses quotidiennes à 85 dollars, bien qu’elles puissent être réduites avec une approche plus économique.

L’impact du conclave sur le commerce local

L’élection papale a toujours été un événement d’un immense intérêt médiatique et spirituel. Toutefois, pour les commerçants locaux, les jours de conclave ne représentaient pas nécessairement une manne économique. Avec plus de 5 600 journalistes accrédités pour couvrir l’événement, le flux constant de caméras et de reporters ne se traduisait pas toujours par des ventes.

Pour certains vendeurs, comme Gianni, la présence massive des médias représentait plus une concurrence qu’une opportunité. Les passants, partagés entre l’observation des écrans géants, l’exploration de la place et la recherche d’abris contre la pluie, semblaient moins enclins à s’arrêter aux stands.

Un aperçu de la vie sur la place

Malgré les défis, la Place Saint-Pierre conservait son charme en tant qu’espace de rencontre et de diversité. De la majesté de la Basilique aux toilettes publiques gratuites, véritable soulagement pour beaucoup, l’endroit offrait une expérience unique.

De plus, l’interaction entre vendeurs et visiteurs révélait un aspect humain et quotidien contrastant avec la solennité du conclave. Des phrases telles que « je vous le laisse à 10 euros » ou « ça ne déplaira à personne » reflétaient l’astuce et la créativité des commerçants, qui s’adaptaient aux circonstances pour rester pertinents.

Un marché unique à un moment historique

La Place Saint-Pierre, au-delà de son caractère spirituel, était à cette époque un microcosme de vie et de commerce. Des souvenirs religieux reliant les visiteurs à la foi aux timbres immortalisant un moment historique, l’endroit offrait quelque chose pour chacun. Bien que le conclave ait présenté des défis pour les commerçants, il a également créé une atmosphère unique où histoire, culture et commerce se mêlaient.

Pour ceux qui ont visité la place à ce moment-là, les souvenirs achetés, les conversations avec les marchands et l’attente sous la pluie faisaient partie d’une expérience qui resterait gravée dans leur mémoire, tout comme les bras ouverts de Bernini qui les accueillaient par un jour pluvieux.
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